La cité dolente, Laure Gauthier.
Crédit photo " Un livre pour ", 2023. « J’irai m’oublier dans un mouroir / Voir de / Combien de vivre / Sont capables / Ceux qu’on dit en retrait ». Poème narratif à l’écriture fragmentaire, La cité dolente évoque, en le faisant dialoguer avec La divine comédie de Dante, le récit d’un vieil homme qui décide de s’enfermer dans un hospice. « Avrei voluto urlare, e ero muto »/ « J’aurais voulu hurler et me trouvais muet » . En exergue, les mots de Pasolini ouvrent le texte. Le premier chant est une entrée dans la parole elliptique de l’observant, dans l’impossibilité de marcher. Les yeux sont portés bas, sur un enfant, qui ne court pas ou plus, le cou entouré de pierres. Il est le cri muet au visage de l’hypocrisie, le tuteur maladroit qui enserre, la vision étriquée. De là, comme un fil tiré, vient le souffle poétique qui seul peut dire dans l’espace laissé vide, entre ce qui vit encore pleinement et ce que la société a délaissé. S’amorce alors le récit de l’instant